Paul Craig Roberts
J’en suis venu à la conclusion que l’Occident est une vaste machine à mensonges au service des agendas secrets d’intérêts particuliers. Considérez par exemple le Transatlantic Trade and Investment Partnership et sa contre-partie du Transpacific Trade and Investment Partnership.
Ces soi-disants “partenariats” ne sont en fait que des véhicules par lesquels les corporations américaines pourront se rendre totalement immunes aux lois des pays souverains dans lesquels elles feront des affaires. Un pays souverain qui tenterait de mettre ses lois en application contre une entreprise américaine pourra être poursuivi en justice par l’entreprise pour “restrictions de commerce”. Par exemple si Monsanto veut vendre ses graines OGM en France ou si les corporations américaines veulent vendre de la nourriture génétiquement modifiée en France et si la France voulait d’aventure faire appliquer ses lois anti-OGM, le partenariat transatlantique autorise à ce que la France soit traduite en justice pour “manquement et restrictions au commerce” dans des jurisdictions hors de France. En d’autres termes, empêcher l’entrée en France d’un produit prohibé est une entrave au commerce.
Oct 13
Quand j’étais petit, il faisait bon vivre en France. Je me rappelle de mon enfance passée dans la campagne du Lot, avec ses forêts, ses quelques étangs et son fleuve. La lumière était chaude et vive, les fruits comme les figues tombaient des arbres, et la jeunesse était totalement insouciante. L’avenir ne pouvait être que beau et bon, généreux. Ma mère me disait que je devais travailler à l’école, pour qu’ensuite je puisse avoir un bon travail. Mais aujourd’hui, tout à changé. Même avec des études longues, le travail n’est plus assuré. Même la volonté de se démener ne suffit plus, car en France aujourd’hui, les opportunités ont disparues. La valorisation du travail a disparue, et le contexte économique, rendu encore plus difficile par l’incompétence économique de nos élus font que ceux qui ont le bagage intellectuel, volontaire, et ou de motivation vont tout simplement ailleurs. De Bernard Arnault à Gérard Depardieu, qui sont des têtes de ponts de cet évasion lucide, tout comme Afflelou ou encore JM Jarre. La France, au lieu de se demander pourquoi ses talents la quittent, décident d’une manière bien gauloise de les mettre au pilori. Et de crier, « tant mieux, nous n’avons pas besoin de vous ». Avec un paradoxe surprenant, cette même France récompense de la légion d’honneur des joueurs de tennis exilés fiscaux. Avant il faisait bon vivre en France. Le progrès et l’innovation issue de l’entreprenariat étaient incités et admirés. C’est ce qui a fait la grandeur technologique de la France comme Airbus, le TGV, l’ordinateur Bull, la carte à puce… Aujourd’hui, aucune des sociétés qui comptent au plan mondial en technologies ou services ne vient de France. L’hexagone est devenu ce pays de retraité touristes qui refusent de regarder ce qui se passe ailleurs et qui vivent encore du souvenir du passé en se répétant « c’était quand même mieux avant » sans comprendre que la différence d’aujourd’hui n’est pas négative mais au contraire une formidable opportunité pour la jeunesse et la croissance. Ce qui est dramatique est de constater la réussite de français, basés à l’étranger, et de se dire que la France n’a pas été capable de les nourrir suffisamment pour qu’ils développent et fassent croitre leurs projets en France. Et c’est dommage.
Jan 04
Jan 04
Le Premier Ministre publie aujourd’hui une tribune dans Le Monde, détaillant son programme pour les six mois à venir. Déjà, c’est un événement suffisamment rare pour le noter : d’ordinaire, les PM s’abstiennent de faire trop de bruit, surtout hors période de cohabitation. C’est dire un peu la panique qui règne à Matignon et à l’Elysée, alors que les sondages continuent de s’effondrer (seulement 35% et 37% d’opinions favorables pour MM. Hollande et Ayrault à la mi-décembre).
Comme le veut le genre, le papier est un classique de langue de bois sous des abords d’élan lyrique. Après un bref rappel de la situation actuelle (pas brillante), M. Ayrault fait une vague référence dédaigneuse aux politiques proposées par les autres partis, qu’il schématise comme soit renier l’héritage de la Révolution Française (comme si la liberté ne faisait pas partie de la Déclaration des Droits de l’Homme…), soit faire un Grand Bond en Arrière.
Puis il explique qu’en gros, il va tout faire pour que rien n’ait besoin de changer. Un indice pour vérifier la mollesse de ce programme : comptez le nombre de « mais » dans le texte.
Un passage particulièrement éclairant :
Oui, les Etats européens doivent s’entendre sur des règles sociales et fiscales communes, et mener une politique de croissance à l’échelle du continent : le président de la République et le gouvernement s’y emploient.
En clair : le gouvernement aimerait bien que tous les autres pays augmentent leurs impôts (les « règles fiscales communes »), dépensent davantage (la « politique de croissance ») et rendent leur droit du travail moins flexible (les règles sociales communes), parce qu’ainsi tout le monde serait moins compétitif et la France n’aurait pas besoin de se réformer.
C’est évidemment absurde :comme le faisait remarquer Wolfgang Schauble (Ministre des Finances allemand) il y a quelques années, quand le Bayern Munich gagne la Coupe d’Europe, aucun autre club ne vient réclamer qu’on attache les pieds de ses joueurs pour qu’ils soient moins forts. Le sport, l’économie, la vie, ce ne sont pas des loteries mais des compétitions, et c’est comme ça.
Qui plus est, les autres gouvernements européens ne sont pas responsables devant MM. Ayrault et Hollande, mais devant leurs propres électeurs. Si le Premier Ministre n’est pas content, il peut aller tenter de faire campagne dans les pays concernés, et voir s’il a du succès.
Ou alors, plus simplement, il pourrait balayer devant chez lui.
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Il y a quand même le germe d’un embryon de réalisme dans la tribune de M. Ayrault, qui finira peut-être par l’amener à accepter le vent de la réforme (s’il n’est pas éjecté avant, ce qui est malheureusement probable).
…la dépense publique a perdu de son efficacité : elle est passée en cinq ans de 52 à plus de 56 % de la richesse nationale, sans que notre niveau de vie ait progressé. L’endettement affaiblit notre souveraineté en nous soumettant aux exigences des marchés financiers, il reporte une charge insupportable sur les générations futures, et il nous prive de moyens…
56%, c’est désormais davantage que la moyenne des pays scandinaves, que nos économistes regardaient autrefois comme un cas étrange, le dernier point d’eau avant le désert soviétique (et encore aujourd’hui, les seuls États qui contrôlent plus de 60% de leur économie sont soit faillis, comme le Zimbabwe, soit communistes et quasi-faillis, comme la Corée du Nord ou Cuba). À l’époque (il y 10-15 ans !), l’État français était encore en dessous des 50%.
Mais voilà : d’un côté, ni Mitterrand, ni Chirac, ni Sarkozy, ni désormais Hollande n’ont véritablement cherché à diminuer le poids de l’État, alors que pendant ce temps — et c’est M. Ayrault qui le note :
N’oublions pas non plus que d’autres pays s’en sortent mieux que nous : les pays scandinaves et l’Allemagne ont surendre leur appareil économique plus performant.
Eh oui. Et c’est donc à eux que vous voulez demander de faire machine arrière, M. Ayrault ?
Langue de bois et creux pompeux. Comme toujours, la vérité est ailleurs.
Jan 04